Demain / Desnos
Âgé de cent mille ans, j’aurais encor la force
De t’attendre, ô demain pressenti par l’espoir.
Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,
Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir.
Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,
Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,
Nous parlons à voix basse et nous tendons l’oreille
À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.
Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent.
[Robert Desnos écrit ce texte en 1942. Engagé dans la Résistance, il meurt au camp de concentration de Terezin trois ans plus tard. Je l'ai déjà mis en ligne sur Still Life, mais je suis tellement saisie par la force et l'actualité de ce poème que je voulais le faire relire encore. ]
Oui, j'aurais cru qu'il était à peine écrit, tant il colle à notre sentiment... Allons, demain sera meilleur !
RépondreSupprimerTrès beau poème de Desnos ! Comme tu le dis, il parle aussi de cet hiver 2020-2021 que nous vivons au jour le jour en faisant de notre mieux, mais tendus malgré nous par l'attente, c'est vrai.
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RépondreSupprimerVoilà 60 ans que je me récite ce poème et qu'il est malheureusement toujours d'actualité... Merci pour votre message" d'espoir, Monsieur Desnos
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