Au bonheur des mots
La poésie.
J'en lis, bien plus que je n'en saurais écrire. Ces temps-ci, je lis A la ligne de Joseph Ponthus et La clarté Notre-Dame de Philippe Jaccottet : deux disparus de cet hiver, l'un au terme d'un long voyage, l'autre fauché prématurément et dont les mots qu'il n'a pas eu le temps d'écrire toujours nous manqueront.Deux textes à ne jamais quitter.
Il y a les livres et puis il y a les blogs... Ce matin dans ma liste de lecture, trois textes donnés à lire aujourd'hui même sur trois blogs, trois auteurs qui entrent joliment en résonance, me donnent envie de leur faire ici place.
• C'est d'abord Jean Lavoué, sur son blog "L'enfance des arbres" :
L’exercice qui te sauve :
Te tenir comme un arbre,
Ancré dans les courants,
Consentant aux averses,
Être fleuve sans rives
Ou bien cet homme debout
Qui marche dans sa nuit,
Sans lieu, sans autre sol
Que le bel aujourd’hui,
Conscient que tout naufrage
Recèle des trésors,
Oublieux de ses failles,
Ne gardant que l’élan,
La clarté des passages,
Invitant chaque oiseau
À demeurer chez lui.
• De l'arbre à la branche, de la faille à la feuille, ui fait joliment écho Guy Goffette cité par Christian Wery sur son très stimulant blog "Marque-pages" :
de la branche, comment ne pas y voir
• Enfin, le roumain Lucien Blaga complète cette méditation du jour sur ce que c'est qu'être au monde ; il est cité par Stéphane Schabrières sur son très riche blog "Beauty will save the world" :
En quel lieu ni en quel temps je parus à la lumière, je ne sais,
seul dans l’ombre je me convaincs de croire
que le monde est un chant.
Je m’y accomplis, étonné,
un sourire étranger aux lèvres, en une ascension magique.
Parfois je prononce des mots qui ne sont pas les miens,
parfois j’aime des choses qui ne me répondent pas.
Mes yeux sont pleins de vents et de prouesses rêvées.
Je marche comme tout le monde :
tantôt pécheur sur les toits de l’enfer,
tantôt innocent sur les mots où croissent les lys.
Enfermé dans le cercle du même foyer
j’échange des secrets avec les aïeux,
peuple sous les pierres par les eaux purifié.
Le soir il m’arrive paisible d’écouter en moi
l’ininterrompu débordement
des contes d’un sang depuis longtemps oublié.
Je bénis le pain et la lune.
Le jour je vis ballotté par la tempête.
La bouche emplie de mots éteints
j’ai chanté et je chante encore le grand passage,
Le sommeil du monde, les anges de cire.
Sans rien dire je fais passer d’une épaule sur l’autre
Mon étoile comme un fardeau.
Poésie, me direz-vous.
Toujours cette clarté, cette lumière si utiles à nos vies et que l'on retrouve chez ces auteurs.
RépondreSupprimerElle est précieuse et je leur sais gré de la partager.
SupprimerMerci pour cette page. Je lis régulièrement les poèmes de Jean Lavoué et celui-ci m'a beaucoup plu. Philippe Jaccottet, sa lecture est pour moi fondamentale, un pivot. Vous me faites connaître Lucien Blaga et vous me rappeler qu'il me faut relire Goffette.
RépondreSupprimerBonne journée !
Oui, Jaccottet est un pilier pour moi aussi. Avec Guillevic.
SupprimerBonne journée, Marie.
Que de belles références ! Merci Anne. De quoi combler les jours maussades ou pas et enrichir mes pensées.
RépondreSupprimerDenise
La poésie embellit les jours, les gris comme les lumineux !Je t'embrasse, Denise.
SupprimerMerci pour cette belle moisson, Anne.
RépondreSupprimer"L’exercice qui te sauve :
Te tenir comme un arbre"
Ces deux vers à méditer en prenant la posture de l'arbre au yoga.
J'aime retrouver ici le chemin de poètes que j'aime beaucoup
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