Poésie patchwork : Cécile A. Holdban
Rencontre de la poésie et de la peinture, de l'enfermement et du partage : j'ai envie de vous parler aujourd'hui d'un travail de l'artiste peintre et poétesse Cécile A. Holdban. J'ai découvert son initiative dans la très belle et très recommandable revue en ligne de poésie Terre à Ciel. On le saura plus tard : les moments difficiles que nous vivons sont aussi source d'échange, d'invention et de chemins nouveaux. En voici un qui me parle tout particulièrement.
Sur des mots d'Yves Prié |
Durant le confinement du printemps dernier, Cécile A. Holdban s'est lancé dans un projet à base de poésie, de pigments et de sachets de thé. Elle a en effet demandé à des poètes amis de lui envoyer des phrases évoquant la situation, et a illustré chacune d'elle sur une feuille séchée de papier à thé.
Voilà un extrait de la belle demande qu'elle leur avait adressée : "Je souhaiterais que chacun m’envoie un de ses vers, un seul vers qui
se suffise à lui-même et qui opère comme un antidote. Un vers qui nous
relie à ce qui nous est provisoirement refusé. Un vers plein de vie, de
force, de confiance et de lucidité. Pour, à la manière d’un cadavre
exquis, composer un patchwork pictural et poétique. Comme une fenêtre
toujours ouverte sur le monde.
Sur des mots de Claude Chambard |
Sur des mots de Claudine Bohi |
Quelques explications techniques :
"J’ai un peu tâtonné, car les feuilles sont extrêmement fines,
transparentes, et absorbent immédiatement l’eau, j’ai donc placé à
chaque fois des papiers de brouillon de couleur claire en dessous afin
d’avoir une meilleure visibilité et d’absorber le surplus d’eau. J’ai
mélangé toutes sortes de techniques selon les vers que je recevais et le
rendu que je souhaitais obtenir. J’avais envie de respecter la
diversité des voix. Sur certains dessins, je mélange aquarelle, crayons,
pastels à l’huile, encre ou acrylique…
Ces sachets mesurent environ 9cm sur 14 cm, la taille d’une petite carte
postale. J’ai eu envie de pouvoir faire rentrer dans ce petit rectangle
« confiné » des images qui évoquent l’infiniment grand comme
l’infiniment petit, entre lesquels, humains, nous oscillons sans cesse."
Elle a ainsi réalisé 173 miniatures, portant les mots de 173 poètes. Elle les a ensuite assemblées sur un drap de lin, un "tapis de chiffon" d'une infinie délicatesse.
Nous avons, ici et ailleurs, déjà évoqué les carnets, correspondances et fictions nés de ces temps d'enfermement. C'est ici une autre forme de prise en note du confinement, une autre forme d'alliage de mots et de couleurs. et une invitation à la poésie, à la couleur, au partage et à la joie.
Sur des mots de Hanne Bramness |
• lien vers l'article de Terre à Ciel, avec une interview de Cécile A. Holdban : https://www.terreaciel.net/Tapis-de-chiffons-avec-Cecile-A-Holdban#.X8nl417jLOR
• une autre interview à l'occasion d'une exposition du "tapis" à Issy-les-Moulineaux en juin dernier : https://www.issy.com/actualites/les-voix-des-poetes-mises-en-couleurs
Waouh !quelle belle transmission de moments difficiles et la couleur nous remplit de force comme les messages .Quelle créativité !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il se dégage une magnifique énergie de ces couleurs.
SupprimerBonne journée, Jack.
OUi, Waouh, c'est vraiment une idée forte et poétique et qui a tellement de sens!! Merci Anne de nous faire partager tes découvertes.
RépondreSupprimerC'est toujours un plaisir. Merci de ton message, Brigitte.
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