Les maux des mots (2)
Pourquoi la poésie ? Jacottet, encore :
"C'est à peu près à ce moment-là de mes tâtonnements (...) que, favorisé d'un bonheur dont je devrais être confus mais dont je suis seulement reconnaissant à qui de droit, je fus saisi, plus violemment et plus continûment qu'autrefois, par le monde extérieur. Je ne pouvais plus détacher mes yeux de cette demeure mouvante, changeante, et je trouvais dans sa considération une joie et une stupeur croissantes ; je puis vraiment parler de splendeur, bien qu'il se soit toujours agi de paysages très simples, dépourvus de pittoresque, de lieux plutôt pauvres et d'espaces mesurés. Or cette splendeur m'apparaissait de plus en plus lumineuse, aérée, et en même temps de moins en moins compréhensible. De nouveau, ce mystère nourricier, ce mystère réjouissant me poussait comme une poigne très vigoureuse vers la poésie."
Philippe Jacottet (La promenade sous les arbres, Bibliothèque des arts, 1996, p. 19)
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