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Instructions pour monter un escalier

"Les escaliers se montent de face car en marche arrière ou latérale ce n’est pas particulièrement commode. L’attitude la plus naturelle à adopter est la station debout, bras ballants, tête droite mais pas trop cependant afin que les yeux puissent voir la marche à gravir, la respiration lente et régulière.

Pour ce qui est de l’ascension proprement dite, on commence par lever cette partie du corps située en bas à droite et généralement enveloppée de cuir ou de daim et qui, sauf exception, tient exactement sur la marche. Une fois ladite partie, que nous appellerons pied pour abréger, posée sur le degré, on lève la partie correspondante gauche (appelée aussi pied mais qu’il ne faut pas confondre avec le pied mentionné plus haut) et après l’avoir amenée à la hauteur du premier pied, on la hisse encore un peu pour la poser sur la deuxième marche où le pied pourra enfin se reposer, tandis que sur la première le pied repose déjà. (Les premières marches sont toujours les plus difficiles, jusqu’à ce qu’on ait acquis la coordination nécessaire. La coïncidence des noms entre le pied et le pied rend l’explication difficile. Faites spécialement attention à ne pas lever en même temps le pied et le pied.)

Parvenu de cette façon à la deuxième marche, il suffit de répéter alternativement ces deux mouvements jusqu’au bout de l’escalier. On en sort facilement, avec un léger coup de talon pour bien fixer la marche à sa place et l’empêcher de bouger jusqu’à ce qu’on redescende."

© Julio Cortazar, Instructions pour monter un escalier, Gallimard, trad Laure Guille-Bataillon.

Commentaires

  1. Tu as encore des problèmes à monter ton escalier ? Avec toutes ces explications, tu n'as plus aucune excuse !

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  2. C'est cette histoire de pied et de pied qui me perd...

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  3. Je suggère de supprimer un des pieds, puisqu'apparemment, c'est ce qui pose problème.
    Sinon, j'ai un peu de mal encore avec la tête qu'il faut tenir droite pas trop.
    Vivement déconseillé, mâcher un chewing gum ou lire Schopenhauer, pendant l'opération.

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  4. Moi ce que j'aime, dans ce texte, c'est le léger coup de talon final pour empêcher la marche de bouger...

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  5. Leçon d’aquarelle selon Anne :
    1- Prendre un pinceau poil de martre n°3 de la main droite si vous êtes droitier, ou de la main gauche si vous ne l’êtes pas.
    2- Tremper le pinceau dans une eau claire puis en éponger une part sur un torchon en coton blanc propre afin d’en équilibrer la quantité.
    3- Absorber à l’aide du pinceau mouillé une quantité de mélange de pigment aquarelle ainsi proportionné : 1/3 bleu outremer rowney, 7/12 sienne brûlée windsor, 5/12 ocre jaune schminske.
    4- D’un geste décidé, sur et dynamique, appliquer la couleur sur le papier (voir § 1-2.c du premier livre « choisir et préparer son papier »). La pression quoique ferme, ne doit pas être excessive afin de laisser respirer le papier. De même, une pression trop légère pourrait lui laisser la possibilité de s’échapper. Le cas échéant, un léger tapotement du doigt remettra le support à sa place. On ne va pas se laisser emmerdé par du matos !
    5- …(rv)

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