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Chanson pour Kiev

 

 

En 2003, le magnifique barde breton Denez Prigent chantait dans cette complainte ("gwerz") la grande famine de Kiev. Une pensée pour ceux qui souffrent sous les bombes.


Commentaires

  1. Merci Anne.
    Tellement, tellement triste...

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  2. Merci.
    Je vais chercher si les paroles sont traduites en français.

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    1. 1

      Saint Hervé patron des bardes
      M’a donné de l’inspiration

      Pour composer un chant nouveau
      Une Gwerz sur la famine

      La grande famine de Kiev
      Qui a emporté trois millions d’âmes

      En Ukraine le siècle passé.



      2

      Malheur, mille malheurs aux hommes rouges

      Malheur, malheur rouge au mois de novembre


      Quand ils sont venus dans le pays
      Pour voler nos biens

      Pour prendre nos bêtes et nos récoltes
      Ils ne nous ont rien laissé

      Vides les écuries, vides les greniers
      Nous voici dans une misère noire !



      3

      Au voyageur qui demandera

      Le chemin de Kiev vous répondrez

      « Suivez les chiens sauvages dans les champs
      Ils vous y mèneront sans peine



      Suivez les corbeaux dans le ciel
      Ils vous y conduiront sans détour ! »



      Et quand il arrivera à Kiev

      Il pleurera de tout son coeur

      D’y voir le long des rues

      Des cadavres éparpillés


      Des gens morts de faim
      En proie aux charognards


      Un petit enfant parmi les corps
      Gémissant et appelant sa mère

      Une nuée de corbeaux au-dessus

      Tournoyant sans répit

      Ils n’auront plus longtemps à attendre.



      4
      « -Qui frappe si tard à ma porte
      Si c’est la Mort qu’elle entre

      Qu’elle entre au plus vite
      Pour abréger mes souffrances !

      -Madame, je ne suis pas la Mort
      Mais un simple voyageur

      Un simple voyageur marchant de nuit
      Qui cherche un lieu où se reposer

      Qui cherche un lit où dormir
      Un peu d’eau et de nourriture

      M’en donnerez-vous ?



      -Je n’ai à boire que des larmes

      Des larmes d’amertume



      Je n’ai à manger que de la terre

      Vous y trouverez peut-être quelques vers

      Je n’ai pour lit que des tréteaux

      Des tréteaux funèbres où gisent

      Les corps de mes trois enfants



      Mon époux les berce en fredonnant

      Il a perdu la raison, j’en ai peur ! ».


      5
      Dans une famille de sept enfants
      Il n’en restait plus que trois, quelle pitié !

      Leur père les regardait effondré
      Et demandait à son épouse



      À son épouse près de lui

      Qui pleurait à fendre l’âme


      « Lequel des trois allons-nous tuer
      Pour nourrir les deux autres
      Le plus jeune ou l’ainé ?



      L’ainé ou le cadet ?

      Je ne puis plus choisir ! »



      Il n’avait pas fini de parler

      Qu’il prit un grand couteau
      Et se l’enfonça dans le coeur !



      6

      Voici l’été qui revient
      Et le blé nouveau qui se lève



      Le blé nouveau qui se lève

      Cette année il ira se perdre


      Il ira se perdre aux « Sept Vents »
      Mais le souvenir de la famine restera


      Le souvenir de la famine restera toujours
      Tant que cette Gwerz sera chantée

      En hommage aux gens de Kiev

      Tous morts cruellement cet hiver
      De l’an mille neuf cent trente deux



      Tous morts cruellement de faim

      Par la faute d’un seul homme

      Un dictateur nommé Staline.

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