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Les mots qui font mal

Parce qu'il n'y a pas de raison de n'écrire que ce qui fait plaisir. 

Il est des mots qui font mal et parfois, c'est bête, mais c'est comme ça. 
Flânerie un peu vaine l'autre soir sur le Net, histoire de mesurer l'importance qu'il m'accorde : et là, je rencontre ce que je n'avais pas encore rencontré dans ma modeste mais déjà longue carrière de diseuse de mots : une mauvaise critique. 
Une descente en règle. 
Pour tout dire une exécution. 
 "...Aussi n'ai-je pas réussi à adhérer à cette  « philosophie » exclusive. Non que je sois opposée à ce que l’on se lève à l’aube pour aller sur les sentiers partir à la découverte du monde, trouver une pierre où s’installer et barbouiller un pissenlit qui, comme la rose du Petit Prince, devient dès lors unique aux yeux de l’aquarelliste. Cependant, l’auteur n’a pas réussi à m’embarquer dans sa passion, à me convaincre qu’elle procurait des expériences uniques et c’est bien là tout le problème (...)
Je crois que l’écriture parfois trop banale et les propos un peu répétitifs sont les autres raisons de ma tenue à l’écart. Je regrette cette rencontre manquée."

Ainsi donc, mon livre n'a pas plu à la lectrice, Flo, qui rend compte de ses expériences de lecture en un blog déjà bien fourni (Fragments du paradis). Cela ne m'arrive-t-il pas de ne pas aimer un livre ? De ne pas le finir ? D'en dire du mal, même ?... 
Bien sûr que si. Je suis à fond pour la liberté d'expression.
Et pourtant. 
C'est que, voyez-vous, c'est de mes mots qu'il est question. De mes sentiments. De mes tripes. Voire de mes compétences : 
" Après, il y a l'inconvénient inhérent à ce genre d'ouvrages, à savoir qu'ils sont rédigés par des personnes n'ayant pas nécessairement des qualités pédagogiques et / ou littéraires mais cela est supposé être compensé par le fond (raison pour laquelle on lit le livre)."

J'ai tourné trois jours autour de cette blessure-là. J'ai fini par répondre. Parce que je crois, comme Flo, qu'il existe des rencontres manquées même s'il m'est toujours douloureux de l'accepter. Et aussi parce que certains commentaires, laissés inconsidérément par des gens qui ne m'avaient pas lue (jamais plus je ne parlerai inconsidérément) semblaient à mon coeur meurtri tourner au lynchage.
Comme c'est une histoire qui finit bien, la discussion fut cordiale et la blessure  (presque) pansée. Mais j'ai appris, sans trop savoir ce que j'ai appris. 

Que faire de tout ça ? 
Ne plus lire les critiques ? 
Poser au génie incompris ? 
Reconnaître une certaine médiocrité dans mon écriture ?...
Crotte ! Ils font comment, les écrivains ?

Peut-être qu'ils lisent aussi les bonnes (critiques). Comme celle-ci, signée si je ne m'abuse par l'une des blogueuses qui s'exprimaient sur le précédent. 
"Elle savoure le temps, essaie parfois de conserver l'innocence de l'enfant, rester zen, généreuse, et capture les petits plaisirs, comme les grands, pour les ranger sur les étagères de ses souvenirs".
Voilà que je m'envoie des fleurs... Allez lire vous-même, si ça vous amuse : c'est sur Thé, lecture et macarons.

Et tout ceci n'est, au fond, qu'un vaste, très vaste malentendu.

"Il y a quelqu'un qui ne m'aime pas". 
Et l'enfant en moi s'effraie de cet abime ouvert sous ses pieds. 
Accueillir l'enfant. 


Parce qu'il n'y a simplement aucun rapport entre ce que je vis en tentant de retranscrire au plus juste que ce je ressens, et ce qui en ressort à la lecture. 
Parce que de  bonnes intentions n'ont jamais fait un bon écrivain.

Tant pis : j'écrirai quand même.  

(Je me demande si j'ai raison de poster ce message.)

Commentaires

  1. J'ai aussi eu une mauvaise critique sur l'un de mes livres, j'en ai eu mal au ventre une longue semaine, ensuite, lorsque je revoie le visage de ceux qui viennent pour que je le dédicace, je me suis dit, ton histoie plait...C'est dur mais faut se construire une bonne carapace! Bise

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  2. A-t-on raison ou non de poster sur son blog ? Je crois que c'est une fausse question. Il n'y a pas à avoir raison ou pas. On poste quand on veut, ce que l'on veut, on ne doit rien à personne. Puisque tu avais envie d'écrire sur cette événement, alors tu l'as fait, c'est comme ça. Après, la question est : as-tu envie de laisser ce post sur ton blog ou pas. Si ce n'est pas le cas, alors, n'hésite pas, enlève-le et les commentaires avec. Si tu veux le laisser alors laisse-le, c'est tout.
    Quant à ta blessure, je la comprends très bien je crois. Elle va te chercher au plus profond de toi, et il faut du temps pour qu'elle cicatrise et ne te fasse plus mal, à peine le souvenir du mal que tu as ressenti en son temps. Mais ça cicatrisera, c'est une question de patience. Ça cicatrise toujours.

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  3. D'abord... oui, tu as raison de poster ce message s'il t'a fait du bien, si le fait d'en parler te permet de mettre de la distance...
    Et comme le dit Episyle, si tu as envie ensuite de l'enlever, libre à toi... il n'y a que toi qui peut sentir cela.
    Bien sûr que ça fait mal ce type de critique, que ça renvoie très certainement à des blessures anciennes... plutôt que de se construire une carapace, ça donne peut être à comprendre (ou du moins à chercher à comprendre) pourquoi ça fait mal, à quoi ça renvoie... et du coup à pourquoi tu écris, pourquoi tu te donnes à lire aux autres... pourquoi tu t'exposes finalement avec toujours cette prise de risque que ça ne plaise pas à tout le monde... vaste sujet... mais je te comprends tellement bien ! Retiens le positif... et il y en a !

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  4. Intéressant votre malentendu en lettres capitales.
    Lacan disait que nous sommes tous nés malentendus. C'est là où le bât blesse.
    Voudriez-vous que tout le monde vous aime ? Certes, ce serait regonflant à souhait et très sécurisant mais...
    Tous , cela ne se peut pas. Quelques-uns, cela se peut. Et c'est déjà pas mal.
    S'exposer c'est effectivement prendre ce risque-là (des réponses que l'on n'aime pas...(et qui n'ont parfois rien à voir avec soi mais avec celui qui le dit (et qui peut être jaloux ou que sais-je)))).
    Mais bah, faire avec, a dit le Professeur
    Assurément.Et avec le sourire !

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    1. Pascale, merci pour votre message, vous avez raison. Tout comme le Professeur.

      On garde tout : le risque, la critique et le sourire !

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  5. Bonjour Anne,
    Je suis navrée que tu es souffert, mais de cette expérience, il en ressort une belle leçon.
    Je ne critiquerai plus à travers les yeux d'une autre personne. Comme nous le disions dans nos commentaires, nos ressentis ne sont pas les mêmes. Il y a un ton que l'on donne aux propos de l'écrivain. Il nous parle, il chuchote, il nous devient intime. Lorsque j'ai acheté ton livre, suite à la chronique de Flo et notre "bavardage", j'avais déjà l'image positive d'une femme qui accepte la critique et qui ne se transforme pas en harpie (comme parfois on peut les lire sur des sites de blogueurs-lecteurs). Je peux imaginer ta peine, mais tu as eu l'intelligence d'accepter un point de vue qui n'est pas si négatif au final...
    Cette ouverture d'esprit, le fait que tu sois venue t'exprimer avec une certaine grâce, m'ont fait lire ton livre.
    Et... je n'ai pas regretté. J'aime tes aquarelles, j'aime tes couleurs, j'aime tes mots.
    La sensibilité différe suivant les personnes. La nôtre est commune pour cette histoire.
    Je te souhaite d'autres voyages, des découvertes, des peintures, des livres... que de belles choses.
    A vos pinceaux Madame !!! Il fait beau, le vert est éclatant, les vacances sont proches...
    A bientôt

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    1. Merci, Syl, pour ton message qui achève de transformer cette amère expérience en aventure riche d'échanges. Merci de ton passage sur ton blog et promis : cet après-m', je reprends mes pinceaux.
      Je n'ai pas laissé de message sur ton blog pour ne pas paraître pesante, mais ta chronique m'a beaucoup touchée (comme celle de Flo, au fond, si on y réfléchit : pourquoi ne prendrait-on que le bon et pas l'amer qui vient aussi ?).
      A bientôt, je te souhaite de bonnes, belles et riches lectures.

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  6. Merci à tous pour vos commentaires, qui m'aident à y voir plus clair et me font réfléchir (j'aime réfléchir au moins autant que peindre).
    Bon : j'ai eu raison de poster ce message, alors...

    S'ouvrir. Sourire. C'est bien.

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  7. Bien sûr tu as eu raison et bien sûr on comprend...

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  8. Il faut que tu saches que du moment que tu fais quelque chose qui va vers un public, il sera forcément critiqué négativement par quelqu'un.
    On ne peut pas plaire à tout le monde, hélas!
    Et le ressenti est tellement variable. Je peux par exemple, commencer un livre qui ne me plait pas au point de ne pas le finir, puis le reprendre quelques mois ou années plus tard et le trouver génial.
    Et puis, il y a des personnes qui ne vivent que dans le dénigrement systématique de ce que les autres font. Peut-être par frustration de ne pas parvenir à faire pareil ou parce qu'ils ont l'impression d'avoir plus d'importance en descendant en flèche ce que les autres font avec passion.
    Sinon, c'est très bien d'avoir posté ce message, ne serait-ce que parce qu'il te permet de voir que tu as des fans irréductibles.

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  9. eh bien tout est dit ou presque... j'ajoute juste qu'il y a risque à vivre avec ses tripes... à donner tout l'amour que l'on a , au travers des autres pour et avec les autres... cependant, il faut parfois choisir: choisir de ne surtout pas savoir et passer le chemin et si le chemin de vérité enfin celle de la personne qui critique ton ouvrage, car nous sommes d'accord c'est la perception subjective de cette personne qui lui appartient : sois persuadée anne que c'est SA VERITE A ELLE et là, je pense que tu as un bout de chemin à faire quand à ta PROTECTION. et cela sans coqueterie aucune est ce qui te sépare pour l'instant des personnes qui arborent quelques rides!!! et ce qui va avec..
    il te reste un bout de chemin encore pour comprendre et admettre que COMPREHENSION n'est pas ACCEPTATION et j'aime le commentaire de laere , pas parce qu'il m'arrange, mais parce qu'il est bien ressenti et compris..MA chère anne, en quelques heures tant de gentillesses à ton égards écrites et authentiques sont vraiment les pansements à mettre sur ce moment de ta vie.ne regrette pas de t'etre épanchée.. TU plais déjà à tant de personnes .. que ton coeur ne peut en plus se plier à tout... le reste..oui, c'est le "reste".. et la priorité c'est tout ce que tu donnes au travers de ton travail, que cela soit dans tes jolies écritures que par l'attention et le regard si discret, si aimant,aidant encourageant pour les autres, tous les autres: lecteurs, élèves famille
    tu es une TRES JOLIE PERSONNE..ne le sais-tu pas encore ?et serait heureuse de faire partie de ceux qui te le disent au travers de tout leurs témoignages...prends tout ce que te disent tes amis avec soif, sois et reste toujours cette personne qui aspire à la vie; celle qui te fait tant de cadeaux
    un conseil de fille à fille : prend le temps de te reposer aussi : le trop trop me fait dire que tu as pris cela en pleine...; "zut je ne peux pas te l'aquareller ici" il s'agit d'un fruit oblongue, juteux .. un peu jaune... raconte à PN tout cela et je me rejouis de te retrouver demain... bises dile

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  10. Merci à tous pour vos messages, qui manifestent au moins une chose : un blog peut-être un lieu d'échange et de parole tout autant que de jolies images et de petites nouvelles fleuries.
    L'amitié, voilà qui fait chaud au coeur. Je ne suis pas sûre de mériter "ni cet excès d'honneur ni cette indignité" (Racine : Britannicus), mais je garde tout bien au chaud pour les prochains jours sombres.

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  11. Allez, zou, continue ton chemin. Tu as dans ta boîte d'aquarelle tout ce qu'il faut pour le rendre lumineux, ne t'en prive pas. Quant aux critiques, prends avec toi celles qui t'aident à avancer, et va enterrer les autres au fond du jardin !
    Bises colorées de Bretagne...

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  12. ouah ! ça doit faire très mal, j'en ai d'aileurs mal pour toi moi qui t'aie connu grâce à ce petit livre merveilleux, qui raconte le ressenti et les émotions que l'on peut ressentir en marchant dans la campagne et encore plus évidemment quand comme moi on dessine et on peint à l'aquarelle. Je ne peux m'emp^cher de penser que cette personne n'a jamais ressenti une seule de ces émotions en marchant et c'est bien dommage qu'elle n'y soit pas arrivée en lisant ton livre, par manque de concentration peut-être et sûrement par manque de sensibilité et poésie intérieure... je crois... Continue évidemment !!!

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  13. Bonjour Anne

    La critique est l'art de dire du mal de ce qu'on ne saura jamais faire. C'est donc une chose facile, vengeresse et nécessairement un peu méchante.
    Sur internet, ça devient tragique: tout quidam doté d'un écran et de quelques doigts se valorise en assassinant, souvent même sans grâce, un livre ou un texte en oubliant qu'il y a un auteur qui est autre que la machine qui est devant lui.

    Ainsi ce qui pourrait être un commentaire sur un écrit se transforme souvent en jeu de massacre envers une personne qui n'a jamais imaginé que raconter tranquillement des choses pourrait lui valoir une telle agression.

    Internet est souvent le journalisme appliqué aux sots comme le journalisme est souvent la littérature appliquée aux futiles.

    Je n'ai pas lu votre livre (mea culpa !) mais vos dessins et vos peintures montrent à l'envi que vous valez infiniment mieux qu'une critique hâtive et distante. Il en émane des choses toutes simples qui vont bien plus loin et bien plus haut.

    Amicalement

    Philippe Renève

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    1. Merci Philippe. Je souscris totalement à cette vision du tête à tête homme / machine, alors que cette dernière ne devrait rester qu'un simple moyen. Machine miroir, et réseau chambre d'écho de tous ces "je" qui se regardent (je ne prétends nullement échapper toujours à ce travers).
      Les échanges que m'a valus ce message un peu noir montrent néanmoins que ce n'est pas toujours le cas.

      Votre visite sur mon blog me fait plaisir.

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    2. Le plaisir est pour moi, car je suis toujours étonné et ravi des images que vous savez si bien créer ou recréer.

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  14. Morvan, Néo-morvandelle, Rouergue, Aubrac, Dijon que des mots qui chantent à mes oreilles...
    Je viens d'aller voir le lien que vous avez mis..
    Vous savez à quoi, ça m'a fait penser ?...A Ruquier...Je me suis dit : "il ne faudrait pas que cette dame soit invitée chez Ruquier, sinon, elle serait vite démolie par les 2 harpies en face d'elles...Quoique, quand on est invité chez Ruquier, on sait à quoi s'attendre...Beaucoup s'y sont cassés les dents et n'ont pas su garder leur self-contrôle ou ont été blessés...Mais, d'un autre côté, aller chez Ruquier, c'est une sacrée carte de visite pour vendre ses bouquins..
    Vous savez ce que j'ai dit à la dame qui a écrit " n'ont pas les qualités littéraires" ?...Que vous devriez mettre sur une balance, d'un côté les critiques négatives et de l'autre côté, les critiques positives..
    Si la balance penche du côté positif, vous n'avez pas alors à être tourmentée par une critique mal venue...
    Je sais en tout cas, une chose..C'est que vous avez eu envie de retourner dans le Morvan...Quelqu'un qui aime nos paysages bruts de pommes, rudes, c'est quelqu'un qui aime la nature et qui sait en parler..Vous écrivez avec votre coeur, ce dont beaucoup en sont incapables...En plus, vous êtes peintre..Beaucoup de qualités à votre arc..Même photographe, ai-je cru lire...
    Alors, à quoi bon se faire de la bile pour si peu...

    J'espère que vous aurez du beau temps dans le Morvan..Je vois que vous connaissez aussi les paysages rudes de l'Aubrac..Mon fils, aveyronnais de coeur, dit qu'il se sent au paradis quand il parcourt ces rudes paysages..Ma copine qui vient de conclure son 2e chemin de Compostelle a adoré aussi ces lieux..

    Bon séjour dans le Morvan..J'espère aller un jour, dans un des beaux gîtes de la néo-morvandelle, d'autant plus qu'elle aussi en connait des choses et qu'elle cuisine divinement bien..

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    1. Merci infiniment pour votre message et vos réflexions. Je ne pourrais pas aller chez Ruquier, c'est sûr ! Parce que je ne souscris pas à ce monde de cynisme, de sarcasme et de bons mots pas chers qui est celui de trop de médias. Je crois qu'on n'est juste pas obligé d'accepter ça : il y a d'autres façons de vivre, d'échanger, de parler et de s'écouter. Je regrette cette contamination contemporaine de l'échange humain par la violence verbale.
      Mais j'aime quand cet outil moderne qu'est le blog permet des échanges de signaux comme celui que vous m'envoyez ce soir, et qui sent bon les feuilles, l'herbe humide de brouillard et le vent des collines.
      Je vous souhaite de beaux chemins, Juliette.

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